Comment pourrions-nous consentir à réaliser que la victoire du Christ et l’avènement du Jour du Seigneur se jouent dans l’extrême défaite au Calvaire, là où s’accomplit la rédemption du monde ? Nous aimerions apporter notre pierre à l’édifice, servir à quelque chose, être un peu acteur. Ce bandit n’a que le privilège de partager le sort du seul Innocent que la terre ait porté. Se reconnaissant coupable, mais désireux du Royaume, il s’entend dire, au nom de chacun de nous : « Aujourd’hui, avec moi, tu seras dans le Paradis. »
Le Roi des Juifs ? Qui aurait dit que son investiture messianique, dans la plénitude de l’Esprit qui lui donne d’aimer le Père et tous les hommes ses frères, s’accomplirait dans ce gouffre au seuil de la mort. Pour les chrétiens d’Orient, la Croix est le trône de sa gloire. Voilà que le jardin d’Eden (paradis veut dire : jardin) est définitivement rouvert à tous dans un « aujourd’hui » qui habite désormais l’espace-temps de l’histoire humaine. Y entrer ? « Je ne suis pas digne, mais dis seulement une parole, et je serai guéri. »
P. Antoine Baron