Le Golgotha est une colline en forme de crâne atteint de calvitie. Voilà le langage du Calvaire : une victoire dynamique qui traverse désormais l’histoire, en forme de défaite assumée. « Vos cheveux sont tous comptés ! » Loin d’une nostalgie de passé glorieux ou d’une projection de succès prosélyte futur, il s’agit de consentir au présent, au double sens d’actuel et de cadeau : appartenir au Messie qui a scellé la nouvelle Alliance et qui a répandu l’Esprit Saint comme un autre Défenseur. Cette grâce de pauvreté est offerte à l’Eglise, comme un itinéraire de décantation dans la foi pure, avec ou sans cheveux !
L’avènement du Christ, humilié par les hommes et glorifié par Dieu, est le même Soleil qui anéantit les uns et guérit les autres : les endurcis s’en trouvent condamnés, tandis qu’il justifie les pécheurs. Le genre littéraire apocalyptique, familier au I er siècle de notre ère, est mis à profit dans une visée eschatologique : le terme de l’histoire est déjà là et nous sommes dans les derniers temps… depuis vingt siècles ! La victoire finale est acquise par le Christ et ses disciples sont soumis, comme lui, à procès et condamnation : « Heureux êtes-vous si l’on dit toute sorte de mal contre vous à cause de moi : votre récompense est grande dans les cieux. C’est ainsi qu’ils ont traités les prophètes, vos devanciers ! »
P. Antoine Baron