Il s’agit de passer du week-end (shabbat) au premier jour de la semaine (Dimanche). Comment les chrétiens peuvent-ils encore ignorer que l’Eucharistie qu’ils célèbrent est avant tout un « mémorial » ? Peut-on le réduire à un « monument au mort » ? Sans pour autant chosifier l’Eucharistie, la Vie plus forte que la mort a fait irruption en la personne du Christ ressuscité, Dieu fait homme depuis le matin de Pâques !
Les racines de l’Eglise plongent profond dans le judaïsme pour lequel le mémorial (zikkarôn) est l’actualisation du Salut au présent. Si Dieu est intervenu dans le passé pour sauver son peuple, alors la grande traversée de la mer Rouge demeure emblématique : elle ouvre un avenir de paix. La passé actualisé devient un présent, pur cadeau : « Aujourd’hui, Dieu nous a tirés de l’esclavage d’Egypte », et donc : « L’an prochain à Jérusalem ! »
Pâques, l’Ascension, la Pentecôte, tels sont les accomplissements du Salut. En confiant le mémorial de sa mort et de sa résurrection aux Apôtres, Jésus charge son Eglise en pèlerinage sur la terre de l’actualiser dans le présent de l’histoire au fil des siècles sous l’ombre de l’Esprit. Telle est la vraie multiplication des pains : comment 90% des baptisés en France ont-ils pu déserter l’Eucharistie dominicale ?
P. Antoine Baron